Le Colonel Raoul Rebière est un pilote de chasse français réputé qui a servi tout au long de la Seconde Guerre mondiale, atteignant le statut d' As avec sept victoires sûres et une probable.
Les exploits des aviateurs représentent un chapitre essentiel, parfois méconnu, de l'histoire des campagnes décisives de la guerre.
C'est le portrait de l'un d'eux qui avait des attaches à Demigny que nous vous présentons aujourd'hui.
Raoul, REBIERE est né le 22 septembre 1909 à Béziers (Hérault), il épouse le 19 décembre 1935 à Dijon (Côte-d'Or) Jeanne LABARRE fille de Jacques et de Clémence FILLIATRE, qui tenaient une boulangerie Grand Chemin à Demigny (Saône-et-Loire).
Début de carrière et service d'avant-guerre :
Engagé volontaire le 12 mars 1929, il prépare le concours d'admission à l'école de pilotage d'Istres (Bouches-du-Rhône). Les places sont chères, la concurrence sévère, mais son travail et son désir d'entrer dans le corps du personnel navigant, lui ouvrent les portes du succès.
Breveté en mai 1931, il est affecté au Groupe de Chasse II/7 à Dijon (Côte-d'Or), puis en 1936 au GC I/7 toujours à DIJON.
La Patrouille acrobatique de Dijon
En octobre 1933, un nouvel avion de chasse le Morane-Saulnier 225 équipe les unités de la 7e escadre de chasse créée le 1er octobre 1932 à Dijon (Côte-d'Or) .
C'est grâce à cet avion performant et très maniable que la 7e escadre va devenir la vitrine de l'Armée de l'Air en 1934 suite à la création d'une patrouille acrobatique sous l'impulsion de son commandant le lieutenant-colonel Pinsard.
C’est lors du déplacement de patrouilles étrangères équipées d'avions de chasse en représentation en France, que naquit l'idée de leur opposer des "aviateurs pilotes de chasse", possédant une représentativité valorisant le savoir-faire militaire français.
Au mois d'avril 1934, l'état-major de l'Armée de l'Air décide d'envoyer une patrouille acrobatique au meeting de Liège (Belgique) et charge le Commandant Weiser de cette mission. Ce dernier désigne trois pilote, les sous-officiers Barrio, Bertrand et Rebière pour être l'ossature de cette patrouille
Ces trois sous-officiers, seront la cheville ouvrière de la patrouille acrobatique de Dijon (Côte-d'Or) après avoir été formés à la voltige à la patrouille d’Etampes, sanctuaire du vol acrobatique.
Elle sera dirigée par le commandant Weiser et acquiert rapidement une grande popularité due surtout aux figures acrobatiques réalisées à trois avions attachés les uns aux autres par une cordelette d'une dizaine de mètres. Une avant-première !
Dès lors, cette patrouille appelée Cirque Weiser, sera la vedette incontestée de tous les meetings jusqu'en 1938, date à laquelle elle cessera son activité.
La personnalité du Commandant Weiser fait de cette patrouille une formation à l'esprit totalement opposé à celui de la Patrouille d'Etampes. Le spectacle est roi, et tout doit être conçu pour lui.
En janvier 1936, Raoul REBIERE réintègre le Groupe de Chasse I/7. En 1937, il est détaché en Tunisie comme instructeur avec le grade d'Adjudant pour former les pilotes sur Morane-Saulnier 406.
Service pendant la Seconde Guerre mondiale :
De retour en France le 19 mai 1940, pilote expérimenté, Raoul REBIERE rejoint la 3e escadrille du Groupe de Chasse II/9 pour participer à la bataille de France.
Aux commandes de son Bloch 152, il affronte dès le 6 juin 1940 l'aviation allemande en détruisant un He 126Heinschel avion reconnaissance. Trois autres viennent s'ajouter à son palmarès les 9 et 10 juin 1940.
Promu sous-lieutenant en juin 1940 puis lieutenant en juin 1942, il est placé en congé d'armistice le 27 novembre 1942. Il quitte alors la France occupée en passant par l'Espagne où il est arrêté et emprisonné près de Barcelone. Il s'évade et par le Portugal rejoint l'Afrique du Nord (AFN) pour s'engager dans les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL)
En avril 1943 il retrouve le GC II/9 à Meknès au Maroc.
D'octobre 1943 jusqu'à la fin de la guerre il participe activement aux combats avec le GC I/7 Provence, prenant notamment part aux débarquements de Corse et de Provence le 15 août 1944.
Au total, du 26 novembre 1943 au 26 décembre 1944 le lieutenant Rebière abat deux Do 217Dornier 217 bombardier moyen et deux Me 109Messerschmitt Bf 109. Ses faits d'armes lui valent une nomination, à titre exceptionnel, au grade de capitaine en 1944.
Carrière d'après-guerre :
Après la guerre, Raoul REBIERE, poursuit son service dans l'Armée de l'air française.
En 1945, il est affecté au Centre d'Instruction de la Chasse à Meknès (Maroc). Il occupe ensuite plusieurs postes de commandement, notamment celui de commandant du Groupe Aérien d'Entraînement et de Liaison (GAEL) à Villacoublay en 1946, de commandant de la zone de défense 901 en 1949 et le commandement de la base d'Ivato à Madagascar en 1952.
Il a été promu Commandant en 1947 puis Lieutenant-Colonel en juillet 1953.
Il rejoint comme chef d'état major le Centre d’Enseignement Supérieur Aérien (CESA) en 1956, puis il est nommé comme attaché militaire à Addis-Abeba (Ethiopie) et au commandement de l'Air de la Côte Française des Somalis (CSF) à Djibouti en 1957.
Promu Colonel le 11 juillet 1958, il prend sa retraite en octobre 1965. Il était Grand Officier de la Légion d'Honneur et titulaire de la Médaille Militaire.
Auteur d'une guerre brillante, le colonel Rebière a servi pendants trente-six années avec talent et dévouement l'armée de l'air.
Raoul REBIERE a fait l'objet d'un reportage du Service Historique de la Défense (Entretien réalisé le 25 janvier 1993 à Dijon par Françoise de Ruffray, et filmé par Patrick Audouin et Eric Moreau). Le contenu de cet entretien apporte d'autre élément sur le déroulé de la carrière de Raoul REBIERE.
Le Colonel Raoul Rebière décède le 7 octobre 1997 à DIJON
Il repose au cimetière de Demigny